»L’intestin, c’est un peu comme notre deuxième cerveau »!
On n’en parle pas souvent, mais les micro-organismes qui vivent dans notre intestin ont un impact considérable sur notre santé physique et mentale.
Nous avons donc eu la chance de nous entretenir avec Andréanne Martin, nutritionniste-diététiste et fondatrice-présidente de l’Équipe Andréanne Martin pour répondre à diverses questions sur le microbiote.
Daniel : Comment expliquerais-tu le microbiote de façon simplifiée, à un enfant de 5 ans par exemple?
Andréanne : Oh là là! Je ne crois pas que je me lancerais dans l’explication du microbiote à un enfant de 5 ans (rires)! Mais de façon globale, le microbiote intestinal est l’ensemble des micro-organismes qui habitent tout au long de notre tube digestif…soit de la bouche jusqu’à l’anus, mais la majorité se situent dans l’intestin.
On a souvent négligé et rabaissé l’intestin en prétendant que son seul rôle était de produire des matières fécales. On réalise par contre, depuis les 20 dernières années, qu’il y a tout un monde qui grouille dans cet organe là et que toutes les familles de bactéries présentes dans notre tube digestif ont différents rôles et fonctions, autant sur la santé physique que mentale. L’intestin, c’est un peu comme notre deuxième cerveau!
Parmi les rôles et fonctions des bactéries, il y en a certaines qui, lorsque bien nourries, vont produire des molécules appelées métabolites. Les bactéries vont fermenter ces aliments et cette fermentation produira à son tour plusieurs petites molécules qui ont diverses fonctions tels que les signaux de faim et de satiété, l’alimentation de nos autres bonnes bactéries et la production du mucus qui améliore nos défenses immunitaires.
Je me permets une petite parenthèse ici : l’intestin est la deuxième plus grande barrière entre le monde interne et externe (après la peau)! Ce n’est pas rien!
Les bactéries intestinales vont également activer les vitamines du groupe B. Ces vitamines sont nécessaires dans la fabrication, par notre cerveau, de neurotransmetteurs nous permettant de fonctionner de façon adéquate au quotidien.
Daniel : Est-ce que la consommation de yogourt ou de suppléments probiotiques sont nécessaires pour avoir un microbiote en santé?
Andréanne : Il faut tout d’abord savoir que le microbiote n’est pas seulement modulé par notre alimentation. En effet, il se construit bien avant notre naissance de part l’alimentation de notre mère, le type de naissance et si nous avons été allaité ou pas. Il se module également par l’environnement dans lequel on vit (rural, ville), la prise de médicaments, etc.
Ceci étant dit, c’est l’alimentation qui a le plus d’impact, soit 40%. Ce qui signifie qu’il est donc possible de faire des choix afin d’avoir un microbiote sain et actif. Par contre, avant de miser uniquement sur les suppléments, on doit prioriser ce que contient notre assiette en se demandant « Qu’est-ce que je dois manger pour avoir un microbiote sain et actif? ».
Le microbiote raffole des fibres alimentaires! Détrompez-vous, ça ne représente pas seulement des All-brans, et des aliments de couleurs brunes. Les fibres, c’est cool, puisqu’elles vous donneront une meilleure énergie, une meilleure humeur, etc.
Quand on pense aux fibres, on pense à deux choses : les végétaux et les couleurs.
Les végétaux sont composés non seulement de la grande famille des fruits et légumes, mais aussi des noix et graines, des protéines végétales (légumineuses, tofu, etc.) et des grains entiers (orge, millet, etc.).
En ce qui a trait à la couleur, c’est simplement de passer toutes les couleurs de l’arc-à-ciel dans notre assiette…même le brun!
Finalement, sachez qu’il y a de mauvais aliments pour le microbiote et qu’on veut simplement diminuer leur présence au profil des aliments qui ont un impact positif.
Daniel : Comment les recherches peuvent-elles différencier l’impact sur le microbiote vs sur la santé relié à une saine alimentation ?
Andréanne : Le microbiote libère des métabolites qui seront évalués par les chercheurs afin de déterminer et différencier l’impact du microbiote sur la santé.
Le plus gros défi sur les études du microbiote, est que celui-ci est individuel à chacun, un peu comme une empreinte digital. Ça nécessite donc des cohortes très larges, avec des critères de recherches élevés et difficiles.
Daniel : Quel est l’impact du microbiote sur notre santé mentale?
Andréanne : Comme je l’expliquais plus tôt, la fabrication de neurotransmetteurs nécessite certains aliments clés. Une saine alimentation nous apporte donc non seulement un sentiment de bien-être de part l’apport des nutriments nécessaires à notre bon fonctionnement, mais aussi parce que la fabrication des neurotransmetteurs est facilitée par un microbiote en santé (vitamines du groupe B).
On voit actuellement des tendances précises de microbiote dans des contextes d’anxiété et dépression, comme la présence en grande quantité de mauvaises ou de moins bonnes bactéries. Par contre, on ne sait pas encore si c’est la cause ou l’effet, c’est-à-dire si c’est la dépression qui cause un dérèglement du microbiote ou bien un dérèglement du microbiote qui cause la dépression. Lorsqu’on trouvera la réponse, on pourra enfin agir afin de traiter de façon adéquate ce type de problèmes.
Daniel : Comment ça prends de temps pour changer notre microbiote?
Andréanne : On possède deux sortes de diversité bactérienne dans notre microbiote : la première se change en 24h tandis que la seconde est individuelle à chacun, soit entre deux semaines et plusieurs mois.
Daniel : Est-ce qu’un sportif a des bénéfices de se soucier de son microbiote? Si oui, est-ce que la supplémentation peut améliorer les performances sportives?
Andréanne : Il n’y a actuellement aucune étude permettant d’affirmer que la supplémentation permettrait d’améliorer les performances sportives. Par contre, est-ce que ça vaut la peine pour un sportif de modifier son alimentation afin de prendre soin de son microbiote? Absolument, puisque l’activité physique a un impact positif sur le microbiote, mais pas autant que l’alimentation.
Daniel : Donc, si je comprends bien, l’activité physique aurait un impact sur le microbiote? Comment l’intestin sait-il qu’on pratique une activité physique?
Andréanne : Sous toutes réserves, je crois que le message se fait via les médiateurs chimiques, soit les hormones que l’on produit lorsqu’on bouge, et qui auraient un impact sur les muscles des intestins.
Par exemple, lorsqu’on pratique des sports extrêmes, on voit une certaine perméabilité post-pratique au niveau du microbiote qui laisserait entrer des molécules non-désirables. Les activités plus douces sont donc plus appréciées pour le microbiote.
Daniel : Est-ce que les aliments fermentés ont un impact sur le microbiote?
Andréanne : On ne peut que faire des associations pour l’instant. Par exemple, on a vu que les peuples les plus en santé consomment davantage d’aliments fermentés dans leur alimentation que les autres peuples dans le monde.
Pour ma part, je trouve la fermentation très pertinente pour la biodisponibilité des nutriments. Lorsque les bactéries fermentent l’aliment avant son ingestion, ça permet aux vitamines et aux minéraux de se rendre plus facilement disponibles, donc d’obtenir les bénéfices plus facilement et rapidement lorsqu’on les mange.
Par contre, comme ces aliments ne sont pas standards, il est difficile de suggérer une consommation aux gens, si on compare aux suppléments probiotiques par exemple. Ça m’amène à vous dire que lorsque vous avez une problématique à traiter et que vous songez consommer des suppléments probiotiques, basez-vous sur le Guide clinique des probiotiques. Ça vous permettra de trouver un probiotique adapté à votre condition.
Daniel : Pour terminer, où peut-on te suivre?
Andréanne : Mon site web ainsi que ma page Facebook regorgent d’informations diverses!
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