Joan Roch est un auteur, photographe, journaliste, conférencier et ultra-marathonien. Il s’est mis à la course il y a quelques années, s’est investi dans cette communauté de façon importante, puis a pris une pause.
L’an dernier, notamment par son défi Percé-Montréal et la publication de son livre, il a démontré qu’il était revenu en force dans le domaine de la course à pied.
Qu’est-ce qui l’a poussé à prendre une pause mais surtout, comment a-t-il repris goût à la course? C’est sur ces questions que nous sommes sommes penchées avec l’athlète de Longueuil.
Joan : J’ai pris une pause au début de l’année 2016, soit au moment où je publiais mon livre. Je sortais d’une année 2015 super chargée : 6 ultra-marathons en 5 mois, l’écriture d’un livre et la promotion de celui-ci. Ce fut très épuisant physiquement, mais surtout psychologiquement.
La fatigue mentale s’est donc installée, ce qui a eu des répercussions sur ma vie familiale, professionnelle et personnelle. Je savais donc que je devais changer quelque chose mais je ne savais pas trop quoi. Après environ 6 mois de questionnements, j’ai décidé qu’une pause de course serait peut-être la solution. C’est donc un matin de mai, du jour au lendemain, que j’ai arrêté de courir sans trop savoir combien de temps.
J’ai également pris une pause des réseaux sociaux, car je ne savais pas trop quoi dire aux gens qui me suivaient. Je ne savais même pas ce qui m’arrivait donc c’était très difficile pour moi d’en faire part ouvertement. J’ai opté pour un silence-radio le temps de comprendre ce qui m’arrivait.
Joan : Non, c’était vraiment différent en fait. Je fais des ultras non pas pour performer mais bien pour apprendre à me connaître. Quand tu cours seul pendant des heures, tu es confronté à une foule de situations et tes réactions face à celles-ci te permettent d’évoluer en tant que personne.
Quand j’ai enchaîné 6 ultras en 5 mois, j’avais l’impression de ne plus rien apprendre à la fin. J’ai trouvé ça tellement dommage de m’impliquer autant personnellement et financièrement pour au final, ne rien apprendre du tout. Je me suis donc rendu à l’évidence : j’avais découvert ce que j’avais à découvrir. On pourrait donc dire que j’ai arrêté plutôt par peur de faire une surdose, justement.
Joan : Absolument! J’aurais aimé expliquer aux gens ce qui m’arrivait, mais en même temps, c’est difficile quand tu ne trouves pas les mots et que tu ne comprends pas toi-même ce qui t’arrive.
D’un autre côté, je ne vivais pas un drame non plus : on parle simplement de course à pied après tout!
C’est après 6 mois que j’ai commencé tranquillement à trouver les mots, mais il me manquait encore des pièces du casse-tête.
J’ai finalement écrit un texte sur mon expérience et la réaction des gens m’a fait beaucoup de bien. En effet, il semblerait que ce que je vivais était assez commun et ça m’a rassuré de savoir que je n’étais pas seul. C’est à ce moment que l’idée d’écrire un deuxième livre a fait son chemin à partir de cette expérience.
Joan : Oui, surtout dans les premiers mois. Je pourrais même mentionner que mon arrêt soudain a été causé par la pression justement.
J’ai vraiment voulu décrocher au point où, quand j’ai recommencé, je n’ai pas utilisé de montre pour ne pas me mettre de pression et pour ne pas donner de fausses idées aux gens qui me suivaient sur Strava.
Joan : Il faut savoir, d’abord et avant tout, que je suis majoritairement un coureur utilitaire puisque la course à pied est mon moyen de transport pour me rendre au travail.
Je me suis donc remis à courir après 10 mois d’arrêt, principalement pour des motifs utilitaires. J’étais tanné du vélo et encore plus du métro. Enfiler mes chaussures de course à nouveau semblait être la seule option appropriée dans mon cas et je savais comment ça marchait.
Une fois l’étape des courbatures derrière moi, la forme est revenue, mais après environ 6 mois. La remontée a été lente et pas nécessairement plaisante mais je préférais de loin cette situation que de remettre les pieds dans un métro.
Joan : Oui, le 1er avril 2019, pour être précis! Mais j’ai couru pendant plus de deux ans sans montre! Comme je faisais de la course utilitaire et que je connaissais mon parcours par coeur, je ne voyais tout simplement pas l’utilité de l’avoir avec moi.
La forme est tranquillement revenue et j’ai recommencé à avoir le goût d’avoir des indications de celle-ci. C’est donc ce qui m’a motivé à la porter de nouveau.
Joan : Absolument! J’avais beau chercher, je ne trouvais aucun objectif ou événement qui me donnait envie de me pousser davantage.
C’est après avoir entendu parler du Triple Crown, soit le cumulatif de trois ultra-marathons aux États-Unis que tu dois compléter en 2 mois, que le déclic s’est fait. À l’époque, j’étais persuadé que j’allais apprendre quelque chose de nouveau sur moi suite à ces événement. C’est ce qui a ravivé ma motivation.
Mais la pandémie en a décidé autant : le Triple Crown fut donc contraint d’annuler ses événements. Inutile de mentionner que j’étais déçu : j’étais en superbe forme et je trouvais que c’était un gâchis de ne pas en profiter après avoir travaillé autant.
Je me suis donc rabattu, comme tout le monde, sur le Québec. J’étais curieux de connaître la distance entre Percé et Longueuil : 1080 km! Ça me convenait! J’ai donc décidé de me lancer dans l’aventure … à 2 semaines d’avis!
Joan : Tout à fait! Je crois également que le Triple Crown aurait été une erreur, car au final, j’aurais simplement répété ce que je faisais déjà.
Percé-Montréal m’a permis de me créer mon propre événement et d’être maître de tout. J’ai réalisé beaucoup de chose et je crois que ce soit la meilleure chose qui me soit arrivée.
Joan : Ce n’est pas simple. On croit souvent que le simple fait de s’inscrire à un événement est la seule solution, mais non. Je vous suggère de laisser votre montre derrière et de vous trouver un parcours ou un défi quelconque qui vous motive.
Joan : J’aimerais bien courir une très longue distance sur plusieurs mois, du genre traverser un continent.
Sinon, je lancerai dans l’écriture d’un nouveau livre prochainement et ça m’occupera beaucoup!
D’ailleurs, vous pouvez vous procurer mes 2 premiers livres Ultra-ordinaire dans toutes les librairies ou encore sur mon site web.
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